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  • Valentine Sled

Rencontre avec un viticulteur certifié biologique, dans les Hautes-Côtes-de-Beaune

Je vais vous raconter une jolie petite histoire.

Il y a quelques semaines, un ami m’a offert une belle bouteille de vin blanc. Connaissant mes goûts – je préfère les vins à la fois secs et fruités - son choix s’est porté sur un Hautes-Côtes-de-Beaune blanc en production certifiée biologique, trouvé un peu à la hâte chez Nicolas.

J’ai adoré ce vin, qui rassemblait toutes les qualités que j’apprécie. Prévoyant une visite des vignes autour de Beaune quelques jours après, je comptais bien aller dégoter des bouteilles du même type.


En me promenant le long de la côte de Beaune, je me suis arrêtée par hasard à La Rochepot, dont le magnifique château triomphant en haut de la colline m’a fait de l’œil… Mais ok, j’avoue avoir été surtout attirée par la pancarte "vente de vin en direct" du domaine installé en contre-bas !



Après un petit tour du château, j’ai toqué à la porte de ce vigneron. Sa femme m’a ouvert, et m’a proposé de déguster quelques vins avant de faire mes emplettes. Mes choix : Hautes-Côtes-de-Beaune et Santenay en blanc et en rouge, et du Pommard, connu pour son potentiel de garde.



















J’apprécie d’abord leur démarche de proposer une production viticole certifiée biologique, et je suis agréablement surprise de retrouver les notes beurrées qui me plaisent dans les blancs bourguignons. Je décide d’en acheter quelques bouteilles, avant de réaliser que le vigneron chez qui je me trouve était en fait ce lui qui avait produit la bouteille de mon ami. Je ne l'ai pas reconnue tout de suite car ce n'était pas la même étiquette, mais c'était bien le même nom de domaine, drôle de coïncidence !



J’en profite pour approfondir un peu le débat sur le bio. Avoir une production viticole certifiée biologique signifie respecter un cahier des charges qui interdit le recours aux engrais chimiques, aux pesticides de synthèse et aux OGM. Ça ne veut pas dire bannir totalement l’utilisation de pesticides dans sa production agricole, mais s’orienter vers des produits naturels (substances actives d'origine animale ou végétale), et en avoir une utilisation raisonnée, réduite au maximum. Ça ne veut pas dire non plus que ces produits naturels ne sont pas nocifs pour la nature, mais il y a quand même dans cette démarche une volonté de réduire l'impact environnemental.


Il faut rappeler que dans la région Bourgogne-Franche-Comté, seulement 11% des surfaces viticoles (3 245 hectares sur une superficie totale de 29 500 hectares dans cette région) sont certifiées biologiques (444 domaines), soit 4,7% de la viticulture biologique française (source : CNIV). En ce sens, la Bourgogne n’est pas tant un mauvais élève quand on la compare aux autres régions françaises : dans la majorité des cas, la viticulture biologique représente environ 10% des surfaces viticoles régionales (c’est le cas pour le Rhône, la Loire, le Jura, l’Alsace…). Le mauvais élève en question se trouve plutôt du côté du bordelais, dont seulement 6,7% des surfaces de vignes sont certifiées biologiques. A contrario, le Languedoc-Roussillon est le grand vainqueur, les surfaces viticoles biologiques représentent 31% de ses surfaces viticoles totales.


Il y a aujourd’hui une prise de conscience générale sur l'alimentation et le bio en France, et le vin fait partie de cette tendance. Diverses enquêtes ont été menées, certaines ont débouché sur des scandales concernant les pesticides ; en Bourgogne par exemple, l’affaire Giboulot avait fait pas mal de bruit dans le monde viticole (en 2014, un viticulteur biodynamique de la Côte d’Or a été condamné à 1000€ d’amende par la justice dijonnaise pour avoir refusé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée).

Nous commençons à réaliser enfin la dimension du problème des pesticides dans la production de vin. Et pour cause, je suis tombée au cours de mes recherches sur des chiffres hallucinants : la viticulture représente 3% des surfaces cultivées en France, où 20% des volumes de pesticides y sont utilisés.


Les chiffres sont évocateurs, l'utilisation de pesticides dans l'agriculture viticole est un réel sujet. Cela peut peut-être s'expliquer par la vulnérabilité de la vigne, en partie...

Les viticulteurs se questionnent sur la diminution des produits chimiques, malgré cela les freins à la conversion biologique sont encore présents : les risques de maladies les inquiètent, et les techniques alternatives d'agriculture ne sont pas encore assez connues du monde de l'agriculture viticole. Par ailleurs, depuis que le bio s'est démocratisé en France, le prix des vins certifiés, est moins élevé qu'il une quinzaine d'années, ces derniers se faisant de moins en moins rares ; et cela peut également dissuader les viticulteurs de se lancer dans une conversion biologique.


Cependant, la demande est là et pousse tout de même les vignerons à se poser ces questions.

C’est d’ailleurs ce que m’a dit Laurent Fouquerand, le vigneron dont je vous parlais plus haut : « Je sens une vraie envie du côté des consommateurs, de faire plus attention à ce qu’ils achètent. Ils s’intéressent de plus en plus aux méthodes de production ; le fait que Nicolas se soit intéressé à nous pour mettre en vente notre vin bio en est la preuve. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand je vois des jeunes comme vous débarquer chez moi, et me poser une tonne de questions comme vous le faites ! ».



Continuez à vous interroger sur ces questions, qui s’appliquent au vin comme au reste de la production agricole. Privilégier le bio, c’est favoriser une production plus naturelle, bénéfique pour nos terres, mais aussi pour notre santé !

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